L’illectronisme ou le manque de compétences numériques



Cet article est la synthèse d’une étude menée par le très sérieux INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) dans son n°1780, paru fin octobre. Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’étude en cliquant ici.

Qu’est-ce que que l’illectronisme (néologisme résultant de la fusion entre l’illettrisme et électronique)? C’est le fait de ne pas connaître les compétences numériques de base. On mesure l’illectonisme d’une population selon 4 critères :

  • la recherche d’information sur des produits marchands ou des sites administratifs (accès aux droits, Assurance maladie, Impôts, CAF etc.)
  • la communication (envoyer et recevoir des mails, appels vidéos, réseaux sociaux)
  • la résolution de problèmes (accès à son compte bancaire, transfert ou copie de fichiers, téléchargement)
  • l’usage de logiciels courants (par exemple, traitement de texte pour écrire des courriers officiels, des CV, des lettres de motivation)

En 2019, l’illettrisme numérique concerne 17% de la population française. Ne pas faire des démarches par les outils informatiques (démarches administratives, accès aux services publics) contribue à accroitre le clivage dans la population entre ceux qui savent faire et les populations déjà socialement vulnérables. 50% des personnes de plus de 75 ans n’ont pas accès à Internet et 15% des individus de 15 ans ou plus ne disposent pas d’accès Internet à leur domicile. Toutefois, ce taux a baissé de 21 points, tous segments de la société confondus, depuis 2009.

Sans surprise, les personnes âgées peu diplômées, ou au niveau de vie modeste sont les moins équipées. Cela concerne aussi les personnes seules et les couples sans enfant (les enfants peuvent parfois être une incitation à l’équipement ou une aide appréciable dans le cas d’un manque de connaissances de l’outil).

L’illectronisme touche un peu plus les femmes que leurs homologues masculins : 17,4% de la gente féminine contre 15,5% des hommes. Le niveau de diplôme est également un facteur clivant : 43,9% pour les non diplômés ou en CEP contre 3,5% pour ceux ayant fait des études supérieures. A noter que les chômeurs – 8,8% – s’en sortent mieux que les retraités – 40,8%.

Toutefois, 71% de la population utilise l’outil informatique quotidiennement soit 24 points de mieux qu’en 2009. Cet usage se développe même chez les seniors ; il est passé de 5% en 2009 à 19% en 2019. Malgré ça, 38% des usagers d’Internet souffrent d’un manque de compétence numérique (voir critères, plus haut) et 17% de la population est en situation de totale ignorance de l’outil.

Les difficultés à rechercher des informations administratives conjointement à la dématérialisation (de plus en plus de services ne sont accessibles que par Internet) font que certains publics modestes ou socialement fragiles n’ont pas recours à des prestations auxquelles ils pourraient prétendre.

Le manque de compétence ne concerne pas qu’Internet ; il est nécessaire de connaitre, a minima, un traitement de texte pour rédiger CV et lettre de motivation. Pour de nombreux emplois, il est demandé de maitriser les logiciels du Pack Microsoft Office (Word, Excel, PowerPoint et Outlook). Or 35% des Internautes n’ont pas cette compétence. Les chômeurs maitrisent mieux les compétences de base que les actifs ou les retraités. La recherche quotidienne d’un emploi sur Internet en est la cause, à n’en pas douter.

Il existe une petite disparité sur le territoire. Les personnes qui résident en ville sont 1,6 fois mieux équipés que les ruraux. Les raisons du non-équipement sont variées : le manque de compétence (41%), le coût du matériel (32%) ou de l’abonnement auprès d’un fournisseur d’accès (27%) ou, dans une moindre mesure, l’absence de couverture ADSL ou haut débit (5%).

En 2017, en France, 43% des individus de 16 à 74 ans (fourchette d’âge critère type de toutes les études européennes) ont le même niveau de compétence que dans la moyenne de nos voisins européens. Ceci en raison du niveau de développement économique des pays étudiés, leur pyramide des âges, leur densité de population et la diversité au sein des territoires.

Voir également cet article, du journal l’Express.

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