Ceci est la synthèse d’une tribune publiée dans l’édition du 21 novembre 2019 du journal Le Monde. Le titre original de l’article est « La révolution de la 5G nous réserve une hyperconsommation numérique énergivore ».

L’explosion des usages numériques engendrée par la 5G aura un effet sur la consommation énergétique des réseaux et des serveurs. En effet, l’apparition progressive de la 5G va révolutionner les usages des particuliers comme des entreprises. Aujourd’hui, il est courant de regarder des films sur Netflix ou Canal+, de jouer en ligne sur son téléphone portable, d’utiliser Skype, WhatsApp ou des applications professionnels, de relever ses mails dans la rue.
Cela paraît banal, mais ces usages ont un réel impact sur la planète.En 2018, la consommation numérique représentait 40% de plus des gaz à effet de serre que le transport aérien. Et cela pourrait doubler d’ici 2025, avec notamment l’explosion de la vidéo en streaming. A lui tout seul Netflix représente 30% de la consommation de la bande passante, aux Etats-Unis, en soirée.
Le Cloud (Google Drive, Microsoft OneDrive, Apple iCloud, Dropbox etc…) tant utilisé de nos jours cache évidemment une toute autre réalité ; les câbles, les serveurs regroupés (fermes de serveurs) et les terminaux sont énergivores.
Concernant la 5G, il y a plusieurs sons de cloche. La plupart des experts pensent que la consommation d’énergie occasionnée par cette technologie sera plus contenue que les générations précédentes (Edge, 3G, 4G, 4G+) parce que plus efficiente. Certains travaux de R&D avancent une diminution de possible de 50%. A titre d’exemple, la mise en veille mieux gérée des antennes 5G permettrait de diviser par 10 la consommation d’électricité aux heures creuses par rapport à aujourd’hui.
Mais derrière cette volonté de rendre le réseau 5G moins énergivore, se cache des raisons économiques. Les opérateurs craignent que leur facture d’électricité décolle en flèche.
En effet, la 5G est très prometteuse ; pouvoir télécharger un film en quelques secondes, passer des appels vidéos en HD même dans la rue ou à un arrêt de bus.
Au delà de la consommation du réseau, c’est aussi la consommation des serveurs qui va exploser. Jeux vidéos en ligne, streaming depuis le cloud présupposent un débit bien supérieur à ce que nous avons aujourd’hui. Les géants du cloud gaming devraient voir leur consommation doubler d’ici 2021. C’est demain… Le cloud est certainement le moyen le plus efficace de stocker des données mais il contribue, néanmoins, à l’augmentation de la pollution numérique.
Vous l’aurez compris, la 5G va débrider nos usages numériques mais aussi ceux des concepteurs de jeux, d’applications ou de logiciels en ligne. Les développeurs exploiteront au maximum les possibilités de cette nouvelle technologie.
Les véhicules autonome et hyperconnectés sont particulièrement gourmands en données et, par voie de conséquence, sont facteur d’hyperconsommation numérique. Les géants du cloud, cependant, Microsoft et Google en tête, se sont convertis aux énergies renouvelables, il y a déjà plusieurs années.
Soyons tous responsables, concepteurs, éditeurs de logiciels et usagers, faisons preuve d’un usage raisonnable du numérique : c’est ce qu’on appelle la sobriété numérique. Exploitons le formidable potentiel de la 5G avec mesure.